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Les 56 ans du « Roi de cœur »

Les 56 ans du « Roi de cœur » 

Il y a 56 ans aujourd’hui, le 21 décembre 1966 exactement, sortait dans les salles françaises Le Roi de cœur, un film auquel Philippe de Broca tenait beaucoup mais qui ne remporta pas le succès espéré, ni public ni critique. « L’accueil réservé au « Roi de cœur » m’a plutôt secoué, je le considérais comme mon vrai premier film, tout ce que j’avais fait auparavant me semblait une simple préparation à cela. J’imaginais que j’allais faire sept ou huit films formidables après celui-là. Ça a été très dur. » Il connaîtra, en revanche, une popularité aux États-Unis qui en font un film culte. Il ressort en version restaurée en France en 2017, en salles et en dvd, ce qui permet de faire découvrir cette œuvre au plus grand nombre et de la reconsidérer à sa juste valeur.

Pour le cinéaste Roger Avary (Killing Zoe et co-scénariste de Pulp Fiction), Le Roi de cœur représente « le regard le plus juste sur le monde, et sans doute la seule influence majeure sur ma vision politique. On pourrait imaginer que Terry Gilliam fasse un remake de ce film, sauf que l’original de de Broca est déjà parfait. »


La bande originale de « L’Homme de Rio » en version intégrale

La bande originale de « L’Homme de Rio » en version intégrale

À l’occasion des 30 ans de la disparition de Georges Delerue (1925-1992), Music Box Records et TF1 Studio présentent, dans une version remastérisée et en CD, la bande originale qu’il a composée pour le film de Philippe de Broca L’Homme de Rio (1964).

Pour ce film d’aventure grand spectacle, Philippe de Broca retrouve son complice musical Georges Delerue après une collaboration de cinq films. Le compositeur livre une luxuriante partition orchestrale témoignant d’une évolution dans son approche musicale pour un film de De Broca. Les nombreuses scènes d’action du long-métrage impliquent une écriture à l’image avec des points de synchronisme très précis et demandent le recours à une formation orchestrale plus large, et des styles musicaux diversifiés, loin là où les précédentes comédies du réalisateur, plus intimistes, nécessitaient avant tout de douces mélodies nostalgiques dont le compositeur détenait le secret, pour traduire la tristesse et la fragilité, sous l’apparente légèreté des images.

Quatre motifs dominent la partition : Le thème d’Agnès, délicat thème romantique de facture classique, joué à la flûte, accompagné d’un tapis de cordes et d’arpèges de harpe. Le professeur Catalan et les voleurs de statuettes sont caractérisés par un motif de cinq notes au xylophone, parfois doublées par les cuivres. Adrien est quant à lui accompagné par un thème trépidant, oscillant entre la marche militaire, la musique de cirque et la musique de carnaval. Enfin, pour accompagner les plans dans Paris, Georges Delerue compose une délicate mélodie pour piano. La bande originale inclut également des chants et musiques populaires brésiliennes composés par Anibal Alves de Almeida et Catulo de Paula.

Supervisée par Colette Delerue, la présente édition a été entièrement remastérisée à partir des sessions d’enregistrement et propose un programme différent (mais exhaustif) de la précédente édition américaine sortie chez Kritzerland en 2009. Les notes du livret sont rédigées par Sylvain Pfeffer. Édition limitée à 1000 exemplaires.

1. Batucada générique (version film) (1:54)
2. Vol au musée (1:37)
3. Huit jours de perme (2:35)
4. Agnès (1:30)
5. Bowling brésilien (3:32)
6. Catalan kidnappé (1:16)
7. Le secret des statuettes (2:37)
8. Sir Winston (2:47)
9. Adrien en filature (1:07)
10. Les trois statues (2:21)
11. Agnès et Adrien (3:47)
12. Dans la jungle (1:35)
13. Madame de Castro (0:56)
14. Almedina de l’Homme de Rio (Chorando sim) (2:29)
15. Feu d’artifice (0:54)
16. Bienvenue à Rio (0:58)
17. Aventures brésiliennes (2:00)
18. Sur le fleuve (0:54)
19. Chant des pêcheurs (Serenata do mar) (3:14)
20. L’aventure continue (1:02)
21. Thème guitare (2:55)
22. La véritable statuette (1:19)
23. Soirée chez de Castro (3:44)
24. O Rio e o mar (1:58)
25. Saut en parachute (1:41)
26. Adrien à la rescousse (1:52)
27. Agnès découvre la vérité (1:31)
28. La fin de l’aventure (1:01)
29. Retour à Paris (0:51)
30. Chez Lola (2:54)
31. Quelle aventure ! (0:28)
32. Batucada générique (3:10)

Durée Totale • 63:49


« Poulet aux petits oignons »

« Poulet aux petits oignons »

Un article de Philippe Lombard consacré au diptyque « Tendre Poulet » – « On a volé la cuisse de Jupiter »

Le cinéma français des années 70 nous a offert deux belles paires de films. L’expression n’est pas très heureuse, j’en conviens, mais Un éléphant, ça trompe énormémentNous irons tous au paradis de Yves Robert et Tendre pouletOn a volé la cuisse de Jupiter de Philippe de Broca sont comme de magnifiques boucles d’oreilles placées dans un écrin. Chaque deuxième opus n’est pas une suite laborieuse qui partirait de la dernière image du premier, tels Le Retour du grand blond ou On a retrouvé la 7e compagnie. Non, il est son pendant, son double. Les deux éléments indissociables d’une parure de bijoux, les deux poumons d’un même corps.

Aux films d’hommes, de copains, de Broca préfère les histoires d’amour mêlées d’aventures. Tournés en 1977 et 1979, Tendre poulet et On a volé la cuisse de Jupiter ont comme concept (énoncé a posteriori par le cinéaste) : « Des Français moyens qui, au départ, ne font pas tellement rêver et que l’on a mis dans des situations qui, elles, font rêver. » Une vague de meurtres politiques dans Paris, un trafic d’antiquités en Grèce… des récits menés tambour battant par un couple improbable formé d’une commissaire de police et d’un professeur de grec ancien à la Sorbonne qui se retrouvent par hasard, vingt-cinq ans après s’être connus étudiants.

À la source de tout cela ? Un roman que le producteur Robert Hamon propose à de Broca d’adapter, Le Frelon de Claude Olivier et Jean-Paul Rouland (publié en 1976). « Il y avait l’astuce d’un commissaire de police qui était une femme, ce truc alors très à la mode qui était de donner aux femmes les emplois traditionnellement réservés aux hommes. » Et c’est à peu près tout ce qui sera conservé ! On écarte assez vite la structure d’origine, intransposable à l’écran (l’histoire est racontée à la première personne par trois des personnages), on transforme l’épouse en divorcée mais on garde tout de même l’idée des meurtres avec un poinçon. « J’aime partir d’un livre, parce que c’est un bon moteur au départ, même si on le fout en l’air après », disait Michel Audiard, co-auteur de l’adaptation avec de Broca.

Dès le début, Annie Girardot est choisie pour le rôle. L’idée vient-elle du livre et de cette réflexion de Tanquerelle lorsqu’en entrant dans les locaux d’Europe 1 pour parler en direct avec le tueur, on lui demande des autographes ? « Jamais entendu quelque chose d’aussi stupide. Les photographes de presse à présent. Décidément, ils me prennent pour Girardot. » De Broca n’y tient alors pas particulièrement mais sans doute que le dialoguiste l’a convaincu, lui qui l’a dirigée notamment dans Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause. Quant à Philippe Noiret, le personnage du professeur Lemercier n’est pas écrit pour lui car il doit tourner Coup de foudre de Robert Enrico avec Catherine Deneuve, une fresque se déroulant pendant la guerre de 14, qui va connaître d’énormes soucis de production. « Mais j’ai quand même pensé à lui depuis le début, reconnaît le réalisateur. Je me suis décidé à lui rendre visite juste au moment où il apprenait l’arrêt définitif du film d’Enrico. Alors je lui ai proposé le mien. »

Les deux acteurs ont déjà formé un duo populaire dans deux films sortis en 1972, La Mandarine d’Édouard Molinaro et La Vieille Fille de Jean-Pierre Blanc, et sont heureux de se retrouver. Ils vont aussi profiter de rôles admirablement bien écrits. Lise Tanquerelle, la femme-flic dont l’autorité n’est jamais contestée par ses hommes et qui revendique une tête « pleine de vergers, d’enfants » ; Antoine Lemercier, l’universitaire vieux garçon, un peu anar, « coincé entre Augustin (son mainate) et Aristote, entre les tisanes et les cantates. » Deux rêveurs, en quelque sorte. « Ce qui nous a amusés, c’est le mariage de la carpe et du lapin, explique de Broca. Normalement, on aurait dû inverser les rôles. Dans le film, au fond, Noiret avait un rôle de femme, plus passif, il se faisait draguer. »

Il y a des scènes merveilleuses dans Tendre poulet, comme celle où la chorale, fuyant la pluie en plein concert, se réfugie dans une brasserie et se met à chanter Agnus Dei devant une Tanquerelle interloquée. Ou cette parenthèse à Honfleur où la policière explique qu’elle est une romantique et que sa vocation lui est venue en lisant des polars. « Je vagabondais des brouillards aux tropiques, cueillant les roses de Gambais, les orchidées de Miss Blandish, des lupins d’Arsène, et j’ai passé le concours de l’école de police comme on entre au cinéma. »

L’un des charmes du film est aussi sa distribution : Hubert Deschamps en protecteur meurtrier, Guy Marchand en flic macho bas du front, Roger Dumas en lieutenant épris de sa supérieure, Catherine Alric en courtisane un peu nunuche, Georges Wilson en politicien à poigne, Francis Lemaire en « coiffeuse »… À noter la brève apparition de Philippe de Broca à une table de billard et… la participation vocale de Michel Audiard, qui « double » le mainate ! On l’entend ainsi dire « Ça ne serait pas Lise, des fois ? », « Où est-ce qu’on va ? » et « Police ! Police ! Police ! ».

Le succès de Tendre poulet entraîne une suite deux ans plus tard, On a volé la cuisse de Jupiter (« J’ai échappé à Occupe-toi des fesses d’Aphrodite ou à je ne sais quelle Grande Cavalcade ! » dira de Broca). Lise Tanquerelle et Antoine Lemercier se marient et partent en voyage de noces en Grèce. Ils y rencontrent l’archéologue Charles-Hubert Pochet qui a découvert un morceau de statue d’Aphrodite (son postérieur !). Des trafiquants d’œuvres d’art s’en mêlent, les Lemercier et les Pochet sont pris pour des meurtriers, on vole des voitures, on arrête des trains, on s’accroche à un hélicoptère… « Nous menons une vie exaltante ! » s’enthousiasme le prof de la Sorbonne, soudainement prêt à tout. De Broca revient à ses premières amours. Il y a de L’Homme de Rio dans ce scénario haletant où les respirations ne manquent pas. Comme le dit Girardot, « de Broca sait admirablement saupoudrer les aventures les plus trépidantes de moments tendres et poétiques ».

Francis Perrin à qui de Broca et Audiard avaient d’abord promis le rôle de l’adjoint du commissaire Tanquerelle dans le premier film joue l’archéologue et Catherine Alric (alors la compagne de de Broca), son épouse. Comment justifier auprès du public qu’une même actrice joue deux rôles différents dans ce diptyque ? Par un tour de passe-passe au détour d’une réplique : « Tu te souviens de l’enquête que j’ai menée à Saint-Cloud il y a deux ans ? Il y avait une fille comme elle, elle lui ressemblait, même genre, même style, copie conforme ! Décidément, les hommes adorent ça ! »

Girardot et Noiret souhaitent prolonger l’aventure et le font savoir à de Broca. « Rendez-vous est pris chez lui », raconte l’actrice dans ses mémoires publiés en 2003. « En nous voyant arriver, le réalisateur a cette réflexion un peu amère : « C’est vraiment un dîner d’anciens combattants… » Aïe ! Philippe fait une drôle de figure, je le sens blessé par cette remarque inattendue. Visiblement si de Broca nous considère comme des dinosaures, c’est qu’il n’a pas les mêmes envies que nous. Autant laisser tomber. Je suis très déçue mais le projet en restera là et nous n’en parlerons plus. Depuis, je me traîne ce regret comme un rêve irréalisable. Va te faire voir, de Broca ! Comment n’as-tu pas compris que le public, lui, aimait notre couple, parce qu’il aime les natures spontanées. Il a de la tendresse pour nous, de la fidélité. Il aurait été heureux de nous revoir… Dommage. »

Dommage, en effet. Où nous auraient emmenés Tanquerelle et Lemercier, cette fois ?

Article publié dans la revue Les Pieds dans la mayonnaise (n°1, novembre 2021)

Sources : Philippe de Broca (Collectif, Henri Veyrier, 1990), Audiard par Audiard (René Chateau, 1995), Mon Panthéon est décousu de Francis Perrin (Éditions
du Rocher, 2003), Partir, revenir de Annie Girardot (Le Cherche-Midi, 2003).


Nouveau doc sur de Broca : itw du réalisateur

Interview de Jérôme Wybon à propos du doc « Philippe de Broca
ou l’art de la mélancolie »

Jérôme Wybon a réalisé le documentaire Philippe de Broca ou l’art de la mélancolie, actuellement diffusé sur Ciné+ (le 24 décembre à 12h05 et en replay), et nous parle de sa conception.

Comment est né ce documentaire ? En avez-vous été à l’origine ?
Ce projet est arrivé comme une conclusion à un long travail effectué sur l’œuvre de Philippe de Broca, commencé dans les années 2000, lorsque j’ai fait différents bonus dvd / Blu-Ray sur onze de ses films, de Cartouche au Bossu, en passant par L’Homme de Rio, Le Cavaleur ou Le Roi de cœur. Avec ce documentaire, j’ai l’impression de boucler la boucle.

Vous avez rencontré Philippe de Broca. À quelle occasion ? Et quelles impressions en gardez-vous ?
Je l’ai croisé durant l’été qui a suivi la sortie d’Amazone. Je travaillais pour Studiocanal sur les sorties du Magnifique et de l’Incorrigible dans la toute nouvelle collection dvd consacrée à Jean-Paul Belmondo. Seul Peur sur la ville était sorti alors. Je me souviens très bien d’avoir appelé Philippe de Broca pour lui proposer d’enregistrer un commentaire audio sur ces deux films. Je lui avais expliqué le principe alors totalement inédit en France, et Bertrand Tavernier enregistrait au même moment le premier commentaire audio d’un réalisateur français, pour La Fille de D’Artagnan. Philippe de Broca ne voulait pas parler seul, donc je l’ai accompagné dans cet exercice.

Que vouliez-vous raconter ? Quel était votre angle ?
Si j’ai pu documenter le tournage de plusieurs de ses films par le passé, je voulais ici m’intéresser davantage à son univers, à sa vie, ses relations et son regard sur les femmes, son enfance. Et, bien sûr, ses amitiés avec Jean-Paul Rappeneau, Alexandre Mnouchkine, Henri Lanoë, Philippe Noiret et Jean-Paul Belmondo.

Avez-vous fait des découvertes, avez-vous trouvé des documents inédits ?
Il y a plusieurs archives que je connaissais mais que je n’avais pas utilisé jusqu’ici comme les essais filmés de Marthe Keller pour Le Diable par la queue, ou cette séquence très touchante où Georges Delerue joue le magnifique thème de Chère Louise au piano, en présence de Philippe de Broca.

Qui avez-vous interviewé pour ce documentaire ?
Il y a d’abord la sœur de Philippe, Françoise, qui nous a quittés il y a quelques mois, Catherine Alric, Alexandra de Broca, le chef-opérateur Pierre Lhomme, le réalisateur Jean-Paul Rappeneau, le cameraman Yves Agostini, le monteur Henri Lanoë, la journaliste Guillemette Odicino, Bernard Payen de la Cinémathèque française. Et bien sûr, il y a Philippe de Broca via des images d’archives. L’idée était de faire dialoguer Philippe de Broca et tous ses intervenants sur une série de thèmes ou d’extraits de ses films.

Qu’aimez-vous dans l’œuvre de de Broca ?
J’aime le passage de la comédie au drame, sa mélancolie qu’on retrouve par exemple dans la seconde partie du Cavaleur. Et j’aime sa drôlerie comme avec le duo improbable de Tendre Poulet, ou les aventures de cet auteur un peu raté qu’est François Merlin et qui tombe amoureux de sa voisine de palier. J’aime ces personnages du quotidien qui vivent ensuite de folles aventures.

Quels seraient vos films préférés ?
Le Cavaleur en premier, sorte d’autoportrait du réalisateur, Le Magnifique, qui est la quintessence de l’amitié entre Philippe de Broca et Jean-Paul Belmondo. Et en dernier, Le Bossu, où il retrouve le style et le souffle des films de ses débuts.


Soirée spéciale de Broca sur Ciné+Classic

Soirée spéciale de Broca
sur Ciné+Classic

Soirée exceptionnelle consacrée à de Broca sur Ciné+Classic le vendredi 16 décembre avec la diffusion à 20h du documentaire de Jérôme Wybon, « Philippe de Broca ou l’art de la mélancolie », suivie de deux films mal compris et mal aimés à leur sortie, Chère Louise avec Jeanne Moreau à 20h50 et Le Roi de cœur avec Alan Bates à 22h25.


Interview de Marthe Keller dans « Schnock »

Interview de Marthe Keller
dans « Schnock »

Le nouveau numéro de la revue Schnock consacre une interview-carrière à l’actrice Marthe Keller (réalisée par Clara Laurent). Elle y parle notamment du Diable par la queue et de la façon dont Philippe de Broca l’a découverte à Berlin, alors qu’elle jouait Le Songe d’une nuit d’été. « Il m’a fait savoir par mon agent qu’il me proposait le rôle de la jeune baronne. Sauf que dans le scénario, il y avait le personnage de Charlie. Comme le prénom était écrit avec un « e », j’ai cru que c’était mon rôle alors que c’était celui du garagiste. » Son accent allemand (et son incapacité à dire des mots comme « mademoiselle » ou « un œillet à la boutonnière ») pousse le cinéaste à engager Maria Schell pour jouer sa mère. « On était en plein Beaujolais, on mangeait tellement bien… Je ne savais pas qu’on pouvait aussi bien vivre tout en faisant du bon travail. On s’est tous adorés, on habitait dans le même hôtel, c’était merveilleux. On avait hâte de se retrouver sur le plateau tellement on était bien. » L’actrice a cependant mal vécu la scène où elle monte dans un arbre en mini-jupe. « On voit ma culotte ! J’avais l’impression que j’étais dans un film porno ! » Une histoire d’amour nait entre de Broca et Marthe Keller pendant le tournage. « Il me faisait tellement rire ! J’ai toujours marché avec l’humour, toute ma vie. Je le trouvais tellement fin et merveilleux. Il est arrivé ce qui est arrivé. »


« Le Roi de Cœur » par Sandrine Bonnaire (vidéo)

« Le Roi de Cœur » par Sandrine Bonnaire

Invitée dans Passage des Arts sur France 5 le 15 janvier 2020, Sandrine Bonnaire a parlé de l’un de ses films préférés, Le Roi de cœur, avec beaucoup de pertinence et d’émotion. Elle l’avait déjà évoqué sur France Inter dans l’émission de France Inter Remède à la mélancolie (à partir de 9mn30).


« Les Jeux de l’amour » par Françoise Sagan

Les Jeux de l’amour
par Françoise Sagan

En 1960, la romancière publie dans L’Express la critique du premier film de Philippe de Broca.

Une jeune fille charmante vit avec un jeune homme charmant, dans un magasin charmant, depuis deux années qu’on peut supposer avoir été charmantes. Elle voudrait contracter avec lui un charmant mariage en vue d’avoir des bambins charmant, situation définitive à laquelle le charmant amant répugne. Avec l’aide d’un charmant ami, mi-repoussoir mi-hameçon, elle parviendra à ses fins pour sa plus grande satisfaction et pour celle du spectateur charmé.

Ce film est joué par Geneviève Cluny, charmante, et Jean-Pierre Cassel, bien mieux que charmant grâce à quelque chose dans l’œil qui en a déjà fait ou en fera un merveilleux acteur.

Bref, voici un film gai, charmant – je l’ai déjà dit – et sans prétention. Pour ma part, je n’aime pas beaucoup les films sans prétention. Le cinéma m’apparaît comme une flèche prodigieuse destinée à empoisonner le spectateur à force de rêverie, de persuasion ou de violence. J’aime le cinéma un peu fou qui reflète quelqu’un (le metteur en scène), le cinéma qui crée des personnages écrasants ou des baudruches, le cinéma un peu monstrueux qui a déjà été fait, que l’on fait et qui est à refaire. Je trouve dommage de s’en servir pour filmer ce qui eût pu faire une moyenne pièce de théâtre. En ce sens je préfère Moderato Cantabile, film manqué, aux Jeux de l’amour, film réussi.

Enfin, je ne vois absolument pas ce qui a pu pousser Philippe de Broca, un jeune homme, à faire ce film. L’histoire ? Maupassant en avait fait autre chose. Les personnages ? Ils ne dévient pas d’un pouce, n’ont pas un réflexe que l’on ne puisse prévoir. Le fait de réussir une comédie ? Alors là, il a eu raison. C’est moins drôle que Some like it hot, c’est moins cruel que les films de Lubitsch, c’est moins efficace que Boisrond, mais dans le genre c’est réussi. C’est « distrayant », mais dans le pauvre sens du mot. Valéry disait : « Se distraire, c’est s’absorber. » Dans ce cas-là, Les Jeux de l’amour ne sont pas distrayants. Mais on peut y passer une heure et demie sans dommages.

Cela dit, Philippe de Broca dispose des mêmes atouts que les autres jeunes metteurs en scène : de bons dialogues, de la justesse et cette vivacité qui touche parfois la sécheresse : il n’y a qu’un seul plan poétique dans ce film, celui où Jean-Pierre Cassel contemple une coccinelle sur sa main. Tout le reste du film se promène d’un trottoir à l’autre, d’un visage à l’autre, il y a de jolies vues, de bonnes scènes intimistes, des drôleries un peu forcées, aucune provocation, bref un film charmant. On voit même le visage de Chabrol dans une roulotte à un moment, ce qui fait soupirer de nostalgie, la Panthéon illuminé et les bonds de Jean-Pierre Cassel qui devait être éreinté. Geneviève Cluny et Jean-Louis Maury sont excellents.

Pourquoi d’ailleurs ces reproches ? L’ambition n’est pas un devoir. Et quelle importance si le charme de ce film est celui des éphémères (genre d’insectes qui ne vivent que peu de temps – signé Larousse) ? Aucune, si ce n’est l’agacement que l’on éprouve à parler d’un film que la mémoire refuse.

Chroniques 1954-2003, Livre de poche, 2022


« Le Schoendoerffer de la comédie » par Philippe Noiret

« Le Schoendoerffer de la comédie »
par Philippe Noiret

Quand j’ai rencontré Philippe de Broca, je connaissais ses premiers films que j’avais beaucoup aimés. Tout en appartenant au courant de la nouvelle Vague, c’est quelqu’un qui s’en démarquait par un ton différent et certainement moins de gravité. Il n’y a que Les Tribulations d’un Chinois en Chine qui m’avait un peu déçu par rapport à ses films précédents par ce, d’un coup, il s’éloignait des gens : les gags et les cascades prenaient le pas sur les personnages. C’est une impression qu’on a quelquefois dans son cinéma : il ne fait pas assez confiance à ses personnages et se rassure en leur faisant faire des pirouettes ! En revanche, c’est un obsédé du rythme et il a raison de l’être, on ne va jamais assez vite dans une comédie. Ça fait quand même très curieux lorsque vous avez l’impression d’aller déjà très vite au point de presque bafouiller et qu’il vient juste vous dire : « Là, je me suis un peu ennuyé ». Philippe de Broca me fait beaucoup rire : c’est un des metteurs en scène les moins psychologues que j’ai rencontré de ma vie et Dieu sait que j’en ai rencontré ! Ne pas faire l’effort de comprendre les gens à ce point, c’est rare ! Il faut vraiment l’accepter tel qu’il est, sinon ça ne colle pas. En fait tous les héros de ses films sont… Lui. Ce qu’il y a de drôle, c’est qu’en vieillissant, il soit passé de Jean-Pierre Cassel à moi. Ça doit lui faire plaisir de se voir incarner par quelqu’un qui a 40 cm et 60 kg de plus que lui !

Philippe de Broca est un homme pressé. Par quoi est-il pressé, je n’en sais rien. Je ne trouve pas grave que cela se ressente de temps en temps dans ses films ; ce que je regrette, c’est qu’à cause de cela il soit passé à côté de certaines rencontres. Sur un tournage, on aurait quelquefois besoin d’une autre prise ou d’un plan plus rapproché. Il est déjà à 150 m de là avec son viseur en train de dire : « Bon, on met la caméra là ». Cela lui écorcherait la gueule de nous dire que c’était bien alors qu’on reprend notre respiration, qu’on se remet une émotion qu’on a essayé de faire passer. Quand vous le connaissez, ça vous laisse froid, et quand vous le découvrez, vous avez de quoi vous sentir frustré !

Avec lui, c’est toujours un grand jeu de tourner un film. Dans L’Africain, les huit premiers jours de tournage étaient situés au pied du Kilimandjaro (qui demeurait dans les brumes comme 360 jours sur 365 ce qu’on ne dit évidemment jamais aux touristes !) Nous tournions autour et dans un lac où nous devions, Catherine Deneuve et moi, plonger, nous cacher… On a tourné la toute la journée ! un type est sorti de l’eau en disant : « Tout va bien ils n’ont pas bougé ! » Étonnement de notre part. « Qui, quoi ? » « Eh bien les crocodiles, là au fond du lac »… Avec lui il n’y a pas de limites. On aime ça retomber en enfance. Vivre de belles aventures, traverser des ponts de lianes…

De Broca, c’est un peu le Schoendoerffer de la comédie, l’un des derniers vrais aventuriers du cinéma français. C’est vraiment dommage qu’il n’ait pas d’héritier. J’aurais aimé que Rappeneau et lui nous fassent un petit, je l’aurais adopté ! Comme ça, j’aurais tourné tous les deux ans et demi un film bien préparé. Épatant, quoi !

Une chose est certaine : Philippe de Broca n’a pas la place qu’il mérite dans le cinéma français. Surtout depuis quelques années où je ressens une grande condescendance vis-à-vis de lui. C’est que nous vivons une époque de bluff et de marketing. Si vous venez dans Sacrée Soirée exposer les larmes aux yeux tout le talent que vous avez et la passion que vous avez mise dans votre travail, là, ça marche. Aussi bien sur les Cahiers du Cinéma que sur VSD ! Si vous avez quelqu’un comme de Broca qui dit : « Non, ce n’est pas très réussi… Je ne sais pas… Je suis déjà sur une autre chose… Et puis il faut s’amuser dans la vie et je réclame le droit à la frivolité… » Alors, les pouces se baissent. C’est une époque où la légèreté – dans le sens d’insuffisance – est devenue tellement répandue que seuls les gens qui ont la prétention à la lourdeur et à l’importance de ce qu’ils font, trouvent une audience. Les autres, non ! En fait, il faut s’autoproclamer metteur en scène de génie et de Broca ne l’a jamais fait ! Il se contente de son grand talent.

Philippe de Broca est mon ami et un homme selon mon cœur. Ils sont comme cela quelques-uns avec qui je me sens bien. J’ai une faiblesse pour Philippe et il le sait.

« J’hésite toujours à te proposer quelque chose, me dit-il, chaque fois tu dis oui !… »


« Un ami, deux Broca » par François Truffaut

« Un ami, deux Broca »
par François Truffaut

En 1958, il n’était pas facile de s’improviser metteur en scène ! Pour avoir, syndicalement, le droit de réaliser un film, on devait avoir suivi trois stages, été trois fois second assistant et trois fois premier. Ayant seulement réalisé deux court-métrages dont l’un en 16 mm, il me fallut comparaître, avant d’entreprendre Les Quatre cents coups, devant une Commission Syndicale réunie au Centre National du Cinéma.

– Qui avez-vous choisi comme superviseur technique ?
– Personne…
– Alors nous ne pouvons pas vous donner l’autorisation de tournage.
– Oh !
– Qui aviez-vous pressenti comme assistant ?
– Philippe de Broca.
– Ah, c’est différent. Si vous avez le concours de Philippe de Broca, effectivement vous n’avez pas besoin de superviseur.

Des le premier jour de tournage, les événements allaient donner raison aux juges de la Commission Syndicale. Alors que je me prenais les pieds dans tous les câbles électriques, que je me collais le viseur dans le mauvais œil et par le mauvais bout, Philippe de Broca avec une compétence pleine d’entrain, m’aidait à concrétiser mes abstractions, me faisait soupeser les avantages et les inconvénients de chaque décision et m’amenait en douceur, sans jamais faire étalage de sa science, à tourner des plans susceptibles ultérieurement de se succéder correctement à l’écran.

Une scène du scénario des 400 coups prévoyait de montrer Antoine et René, les deux copains, confectionnant du caramel en faisant fondre du sucre qu’ils laissaient se répandre, liquide, sur une cheminée de marbre. Ensuite, pour détacher les flaques de caramel solidifié, les deux enfants attaqueraient le marbre à l’aide d’un bronze d’art représentant un cheval. Un jour, pendant la préparation du film, Philippe vient me trouver et me dit : « à propos du cheval, j’ai trouvé quelque chose, pas exactement ce qui était prévu, mais tout de même, j’aimerais te montrer. » Il m’amène devant un magasin d’antiquités, sur les quais de la Seine et me désigne, à travers la vitrine, un cheval grandeur nature, empaillé. Philippe semblait tellement ravi de sa trouvaille – et j’ai été moi-même si épaté – que nous avons transformé la scène prévue et que nous avons loué le cheval -grandeur -nature, pour deux semaines, en l’intégrant temps bien que mal au scénario.

Ayant sacrifié au vice bien agréable qui consiste à parler de soi lorsqu’on est censé faire l’éloge d’un confrère, je vais à présent énumérer les films de Philippe que je préfère : Les Jeux de l’AmourL’Amant de cinq joursL’Homme de RioLe Roi de CœurLe Diable par la queueLa Poudre d’escampetteTendre pouletLa Cuisse de Jupiter, mais je dois avouer ici que je n’ai pas vu l’œuvre complète de mon ami, gardant ainsi en réserve quelques belles soirées où se mêleront surprise et nostalgie. Lorsque je rencontre mon vieux complice et que je lui dis : « je suis désolé d’avoir manqué ton dernier film » il me répond, malicieux et modeste : « moi aussi, je suis désolé de l’avoir manqué ! »

Artiste pudique au point de ne jamais prononcer le mot « art », Philippe est un poète de la dérision, un poète réticent, celui dont on dit dans la cour de récréation de communale :

« Il fait des vers
Sans en avoir l’air
Et de la poésie
Sans en avoir envie »

Philippe de Broca ne prise guère l’exégèse cinéphilique et ne supporte pas les discussions laborieuses. Un critique, dont le nom évoque un empereur romain, s’approche un jour de Philippe et entreprend de lui expliquer doctement pourquoi il a été déçu par son dernier film. Quand ce critique, qui est un vieil ami même s’il pousse le manque d’humour jusqu’à l’infirmité, a terminé son topo, Philippe le regarde et lui dit, en désignant ses chaussures : « Ouais, ouais, mais tout de même, j’ai de belles pompes, vous ne trouvez pas ? »

Philippe ne s’attendrit pas facilement sur les enfants, mais reconnaissons-lui le mérite d’avoir toujours su réfréner ses instincts de meurtre quand la nécessité du scénario l’oblige à flanquer un gamin devant sa caméra. Par contre, les petits vieux marrants le mettent dans un état d’euphorie incroyable et c’est sûrement dans ses films qu’on a pu voir « pour la dernière fois à l’écran » des génies comme Pierre Palau ou Lucien Raimbourg, le créateur d’En attendant Godot. Philippe les bichonne, ses vieillards pittoresques et croulants, il les entoure de mille soins et leur réserve les plus beaux gros plans, comme si, à travers eux, il se cherchait non un père comme tout un chacun mais, carrément, un grand-père.

J’écris ces lignes au moment où, comme s’ils s’étaient donnés le mot, les journalistes attaquent volontiers les metteurs en scène qui se racontent dans leur film, l’insulte la plus souvent utilisée pour les fustiger étant  « nombrilisme ». Dieu sait si Philippe de Broca n’encourt pas le reproche de verser dans l’autobiographie et pourtant on pourrait tracer un portrait de lui, simplement en alignant les titres de ses films, Le FarceurLe VeinardUn Monsieur de (bonne) compagnieLe Roi de CœurL’IncorrigibleLe Magnifique. Je n’ose me prononcer en ce qui concerne Le Cavaleur car, sur le mur de sa vie privée, de Broca n’a pas manqué d’imposer l’écriteau de Xanadu : « No trespassing ».

Dans Le Roi de Cœur, Philippe nous raconte l’histoire d’une petite ville française qui, pendant la guerre de 1914-1918, se vide de tous ses habitants. Les pensionnaires d’un asile d’aliénés font le mur et investissent la cité, prenant la place du coiffeur, du bistrot, de l’épicier, du curé, du facteur, etc. Allez savoir pourquoi, ce film, lors de sa sortie en France, en décembre 1967, fut un échec total. Pour tenter d’améliorer le box office désastreux, une journée d’exclusivité, au lendemain de Noël, fut organisée avec entrée libre dans toutes les salles, gratuité annoncée par une pleine page de publicité dans les quotidiens : bernique ! Même à l’œil, pas un chat ! Or ce même film, Le Roi de Cœur est l’un des plus grands succès français en Amérique depuis douze ans et vient de commencer une quatrième ou cinquième exclusivité à New York. Allez comprendre ! L’essentiel est qu’à l’heure de Greenwich village, le lansquenet frappe toujours à minuit.

En Amérique toujours, la télévision protectionniste comme il ne devrait pas l’être permis, cantonne les films européens sur les chaînes culturelles, les programmant en version sous-titrée, de préférence au beau milieu de la nuit. Sur les trois grandes chaînes, aux bonnes heures d’écoute, un seul film français a réussi à s’immiscer, c’est l’Homme de Rio ou Belmondo s’agite, doublé en anglais avec un accent italien qui surprend pendant la première bobine mais finalement convient parfaitement aux jeux de mains de notre super doué guignolo.

C’est donc en Amérique qu’il faut voir les films de Philippe pour en apprécier l’impact. Les étudiants aiment tellement ses films que les cinémas des campus les affichent le plus souvent en double programme comme s’ils avaient décidé de remplacer la particule de son nom par le chiffre qu’elle suggère phonétiquement : Philippe deux Broca !

Il y a quelques années, alors qu’elle venait de terminer Le Magnifique avec Belmondo, Jacqueline Bisset m’entraîna dans une salle de Los Angeles, sur Santa Monica boulevard, où l’on passait, toujours en double programme, Les Caprices de Marie et le Roi de Cœur. La salle était bourrée, chaque spectateur avait sur les genoux son gobelet de pop-corn big size qui se mange sans bruit grâce au beurre fondu qui l’amollit. Chaque image portait, chaque ligne de sous-titres fonctionnait, chaque gag faisait mouche, c’était l’ambiance rêvée. A la sortie, Jacqueline Bisset fit le meilleur compliment et je le répète ici car Philippe eut été heureux de l’entendre : « Si j’avais vu, dit-elle, les films de Philippe avant de tourner avec lui, et bien, au lieu de l’emmerder en lui demandant les motivations de mon personnage, je lui aurais foutu la paix et j’aurais joué comme une petite silhouette de dessins animés. »

Jacqueline Bisset avait raison car c’est bien du côté de Tex Avery qu’il faut chercher l’affiliation de Philippe de Broca. Comme Tom et Jerry, Philippe sait que la vie est une blague, que les bureaux sont occupés par de faux adultes qui se prennent pour des ministres, des avocats, des critiques d’art, des anarchistes, des experts comptables. Il a donc bien raison de ne jamais les filmer assis ou couchés mais cavalcadant à dix-huit images/ seconde, toujours en poursuite, toujours en fuite pour échapper à la pesanteur du monde moderne. Ce n’est pas pour rien que sa compagnie de production s’appelle Fildebroc et que, sur les vingt films qu’il a tournés, dix-huit ont été mis en musique par le plus cinéphile des musiciens, Georges Delerue car de Broca pratique la haute fidélité sur longue durée.

C’est pour tout cela que j’aime Philippe et puis, je l’aime aussi parce qu’il est heureux. La preuve ? Je ne l’ai jamais entendu dire du mal de personne.

François Truffaut, janvier 1982.

(Publié dans Le Matin du 28 février 1983) 


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