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« Cartouche » sur Paramount Channel

« Cartouche » sur Paramount Channel le 14 mai 

Cartouche (1962), premier film de Philippe de Broca avec Jean-Paul Belmondo, passera Ă  20h40 sur Paramount Channel le dimanche 14 mai.


Soirée de Broca sur Ciné+Classic

Soirée de Broca sur Ciné+Classic

SoirĂ©e spĂ©ciale Philippe de Broca vendredi 28 avril sur CinĂ©+Classic ! A 20h50, Le Diable par la queue, Ă  22h21 le documentaire « Philippe de Broca ou l’art de la mĂ©lancolie » de JĂ©rĂ´me Wybon (lire son interview ici) et Ă  23h12 Chère Louise.


Une chanson d’Arnold Turboust sur « L’Homme de Rio »

Une chanson d’Arnold Turboust sur « L’Homme de Rio »

Le chanteur Arnold Turboust, complice d’Etienne Daho, vient de sortir « Belmondo », une chanson consacrĂ©e Ă  L’Homme de Rio… « Mon père Ă©tait super fan de cinĂ©ma, et particulièrement de Belmondo et de ce film. Je le connaissais bien, je l’avais vu moult fois… Je l’ai mĂŞme eu pendant longtemps dans mon champ visuel, il y avait un DVD qui trainait, dans ma vie de tous les jours. Et puis, un jour, j’ai eu cette mĂ©lodie, ces accords de piano, cette structure… Et j’ai Ă©crit tout de suite ce texte narratif, qui raconte le film et l’ambiance. »
(Retrouvez Arnold Turboust en interview dans L’Aperview)


Thomas Croisière : « Chez de Broca, il y a une vraie ambition »

Thomas Croisière : « Chez de Broca, il y a une vraie ambition Â»

Chroniqueur sur France Inter dans l’émission C’est encore nous oĂą il parle rĂ©gulièrement des films qui ont marquĂ© sa vie, Thomas Croisière parle aussi de cinĂ©ma sur scène dans le spectacle Voyage en comĂ©die. Ce « passeur Â» revient pour le site sur son rapport Ă  l’œuvre de Philippe de Broca.

Vous Ă©voquez souvent sur France Inter et dans votre spectacle les films qui ont marquĂ© votre vie. Est-ce par nostalgie ?

Non, je ne suis pas du tout dans le « c’était mieux avant Â». Le cinĂ©ma est vraiment pour moi une passion. Je regarde des films depuis toujours, beaucoup, avec plaisir et de toutes sortes. Et j’adore en montrer certains, les partager, comme L’Affaire Thomas Crown ou Certains l’aiment chaud. Il y a vraiment des films qui mĂ©ritent d’être vus et revus. Je pense que la culture nous rĂ©unit. Et depuis que je suis papa, il y a l’idĂ©e de la transmission. Je transmets Ă©normĂ©ment de ce que je suis en montrant des films Ă  mes enfants, depuis qu’ils sont tout petits. Chaque dimanche soir, on se fait deux cartoons de Tex Avery, comme au bon vieux temps de La Dernière SĂ©ance, et on mange devant un film. Ça va de Dumb et Dumber au NapolĂ©on d’Abel Gance. Pendant le confinement, je les ai fait participer Ă  ma chronique sur France Inter et ils ont vu notamment Les Tribulations d’un Chinois en Chine, qu’ils ont adorĂ©.

Que vous inspire l’évocation du nom de Philippe de Broca ?

Cela m’évoque un très grand réalisateur qui a su faire de la grande comédie d’aventures populaire. Pour moi, Philippe de Broca c’est avant tout ça, car gamin, j’ai découvert Les Tribulations d’un Chinois en Chine et L’Homme de Rio avec un grand plaisir. Après, quand on vieillit, on découvre des films comme Le Cavaleur, qu’on ne comprend pas à quinze ans mais qu’on peut apprécier à quarante ans, quand on a un peu vécu. D’ailleurs, c’est un film qui est aussi un marqueur dans la vie de de Broca, à travers lequel il parle de lui et de son propre vieillissement, ce qui, dans ces métiers-là d’artiste et d’auteur, est quelque chose de compliqué à assumer.

Donc, de la comédie d’aventures populaire, mais pas que. Et de ce que j’en connais, et de ce que j’en vois de loin, il avait une certaine classe, une belle façon de parler du cinéma… Physiquement, il y a quelque chose de Cassel quand il est jeune, quelque chose de Rochefort quand il fait Le Cavaleur. Il avait des avatars dans ses films. C’est amusant de voir un homme attaché à ses acteurs et vieillir avec eux. Je pense qu’il y a là quelque chose de profondément humain. On trouve chez lui à la fois une pudeur et quelque chose de très impudique. Fondamentalement, j’ai l’impression que dans ses films, il parle de lui, beaucoup. C’est très nombriliste, en fait. Là où d’autres réalisateurs ne le faisaient pas forcément. Tavernier n’avait pas le même rapport au cinéma, par exemple, il racontait des histoires, il ne parlait pas de lui. Un de Broca ou un Sautet utilisent le média pour partager ce qu’ils sont, ce qu’ils font, leurs névroses, leurs centres d’intérêt, leurs plaisirs comme leurs déplaisirs. Quand vous tournez beaucoup, comme de Broca mais aussi comme Truffaut ou comme Ozon aujourd’hui, vous ne faites pas que des films réussis. Mais dans chacun, il y a quelque chose d’eux.

Il fait partie des grands rĂ©alisateurs du cinĂ©ma français. J’aime bien parler de ces gens-lĂ , j’aime bien montrer leurs films Ă  mes enfants. Je ne sais pas si je leur montrerai Le Roi de cĹ“ur, je ne sais pas s’ils le comprendront mais je pense qu’un jour je le ferai. C’est un film très Ă©tonnant que j’aime Ă©normĂ©ment. Ce qui est plaisant chez de Broca, c’est que c’est un vrai rĂ©alisateur. Et aujourd’hui, le fait qu’on ne tourne plus en pellicule, beaucoup en numĂ©rique, pousse de plus en plus les rĂ©alisateurs Ă  multiplier les angles et Ă  se dire « Ă§a, on verra en post-prod Â». Ils n’ont pas rĂ©ellement de point de vue. Et ce que je trouve intĂ©ressant chez des gens comme de Broca, c’est qu’il y a une vraie ambition de rĂ©alisation, de contenu, de construction graphique…

De Broca a été traumatisé par ce qu’il a pu voir pendant la guerre d’Algérie, ce qui l’a décidé à se tourner vers la légèreté, la comédie…

Oui, on sent qu’il y a une envie de divertissement, tout est très rapide dans son cinéma. Il y a toujours une petite mélancolie, c’est pas des comédies de Philippe Lacheau ou Philippe Clair. Il y a un côté très humain, racé. C’est un peu l’élégance du désespoir, d’une certaine mesure.

Une tendresse pour Le Magnifique ?

Le Magnifique est un film culte pour Ă  peu près tout le monde. « Vous plaisez aux femmes ? Je ne sais pas Â» (rires) Entre le film de requins, le film de mariachis, le film-dans-le-film, la mise en abyme, l’opposition auteur-crĂ©ation et puis Jacqueline Bisset qui est la plus belle femme du cinĂ©ma Ă  ce moment-là… C’est marrant de se dire que le film a 50 ans, qu’il appartient Ă  la mĂŞme Ă©poque que L’aventure c’est l’aventure. Je ne dirais pas qu’il n’a pas pris une ride, mais il est toujours aussi fou. Sans Le Magnifique, il n’y a pas OSS 117. J’ai achetĂ© le 33 tours de la musique du film Ă  la vente aux enchères de vinyles de Radio France. Ă€ la disparition de Claude Bolling, j’avais fait un petit papier sur lui Ă  l’antenne.

Vous parlez d’ailleurs souvent de la musique des films que vous chroniquez. De Broca a beaucoup travaillé avec Georges Delerue…

Oui, il avait une grande fidélité, comme Claude Lelouch avec Francis Lai. Delerue était le grand compositeur de la Nouvelle Vague. Et de Broca n’en était pas loin, d’ailleurs, il les connaissait tous, il a été le premier assistant de Claude Chabrol et François Truffaut. Quand on voit qu’il a travaillé par la suite avec Michel Audiard qui a été honni par tout ce mouvement, il y a là quelqu’un de curieux qui mélange plein de choses.

Avez-vous vu un film de de Broca au cinĂ©ma ?

J’ai vu Chouans !. C’était bien parce que ça racontait l’Histoire, des pĂ©riodes que je ne connaissais pas… J’ai aussi un chouette souvenir des 1001 Nuits, que j’ai vu Ă  la tĂ©lĂ© en deux soirĂ©es, il me semble. J’ai des images de Jugnot et Lhermitte en plein dĂ©sert…

Merci Ă  l’Ă©quipe du site d’entretenir l’œuvre de de Broca qui mĂ©rite d’être (re)dĂ©couverte.

Propos recueillis par Philippe Lombard

Photo : Nicolas Seurot

La chronique de Thomas Croisière sur L’Homme de Rio sur France Inter


Succès du « Bossu » sur Arte

Succès du « Bossu » sur Arte

Beau succès pour Le Bossu qui a Ă©tĂ© vu sur Arte le 28 dĂ©cembre dernier (dans le cadre d’un cycle « Cape et d’Ă©pĂ©e ») par un million et demi de tĂ©lĂ©spectateurs !!

A revoir, si vous l’avez ratĂ©, le 3 janvier Ă  13h35 et le 20 janvier Ă  13h35.


Les 56 ans du « Roi de cœur »

Les 56 ans du « Roi de cĹ“ur » 

Il y a 56 ans aujourd’hui, le 21 décembre 1966 exactement, sortait dans les salles françaises Le Roi de cœur, un film auquel Philippe de Broca tenait beaucoup mais qui ne remporta pas le succès espéré, ni public ni critique. « L’accueil réservé au « Roi de cœur » m’a plutôt secoué, je le considérais comme mon vrai premier film, tout ce que j’avais fait auparavant me semblait une simple préparation à cela. J’imaginais que j’allais faire sept ou huit films formidables après celui-là. Ça a été très dur. » Il connaîtra, en revanche, une popularité aux États-Unis qui en font un film culte. Il ressort en version restaurée en France en 2017, en salles et en dvd, ce qui permet de faire découvrir cette œuvre au plus grand nombre et de la reconsidérer à sa juste valeur.

Pour le cinéaste Roger Avary (Killing Zoe et co-scénariste de Pulp Fiction), Le Roi de cœur représente « le regard le plus juste sur le monde, et sans doute la seule influence majeure sur ma vision politique. On pourrait imaginer que Terry Gilliam fasse un remake de ce film, sauf que l’original de de Broca est déjà parfait. »


La bande originale de « L’Homme de Rio » en version intégrale

La bande originale de « L’Homme de Rio » en version intĂ©grale

Ă€ l’occasion des 30 ans de la disparition de Georges Delerue (1925-1992), Music Box Records et TF1 Studio prĂ©sentent, dans une version remastĂ©risĂ©e et en CD, la bande originale qu’il a composĂ©e pour le film de Philippe de Broca L’Homme de Rio (1964).

Pour ce film d’aventure grand spectacle, Philippe de Broca retrouve son complice musical Georges Delerue après une collaboration de cinq films. Le compositeur livre une luxuriante partition orchestrale tĂ©moignant d’une Ă©volution dans son approche musicale pour un film de De Broca. Les nombreuses scènes d’action du long-mĂ©trage impliquent une Ă©criture Ă  l’image avec des points de synchronisme très prĂ©cis et demandent le recours Ă  une formation orchestrale plus large, et des styles musicaux diversifiĂ©s, loin lĂ  oĂą les prĂ©cĂ©dentes comĂ©dies du rĂ©alisateur, plus intimistes, nĂ©cessitaient avant tout de douces mĂ©lodies nostalgiques dont le compositeur dĂ©tenait le secret, pour traduire la tristesse et la fragilitĂ©, sous l’apparente lĂ©gèretĂ© des images.

Quatre motifs dominent la partition : Le thème d’Agnès, délicat thème romantique de facture classique, joué à la flûte, accompagné d’un tapis de cordes et d’arpèges de harpe. Le professeur Catalan et les voleurs de statuettes sont caractérisés par un motif de cinq notes au xylophone, parfois doublées par les cuivres. Adrien est quant à lui accompagné par un thème trépidant, oscillant entre la marche militaire, la musique de cirque et la musique de carnaval. Enfin, pour accompagner les plans dans Paris, Georges Delerue compose une délicate mélodie pour piano. La bande originale inclut également des chants et musiques populaires brésiliennes composés par Anibal Alves de Almeida et Catulo de Paula.

SupervisĂ©e par Colette Delerue, la prĂ©sente Ă©dition a Ă©tĂ© entièrement remastĂ©risĂ©e Ă  partir des sessions d’enregistrement et propose un programme diffĂ©rent (mais exhaustif) de la prĂ©cĂ©dente Ă©dition amĂ©ricaine sortie chez Kritzerland en 2009. Les notes du livret sont rĂ©digĂ©es par Sylvain Pfeffer. Édition limitĂ©e Ă  1000 exemplaires.

1. Batucada générique (version film) (1:54)
2. Vol au musée (1:37)
3. Huit jours de perme (2:35)
4. Agnès (1:30)
5. Bowling brésilien (3:32)
6. Catalan kidnappé (1:16)
7. Le secret des statuettes (2:37)
8. Sir Winston (2:47)
9. Adrien en filature (1:07)
10. Les trois statues (2:21)
11. Agnès et Adrien (3:47)
12. Dans la jungle (1:35)
13. Madame de Castro (0:56)
14. Almedina de l’Homme de Rio (Chorando sim) (2:29)
15. Feu d’artifice (0:54)
16. Bienvenue Ă  Rio (0:58)
17. Aventures brésiliennes (2:00)
18. Sur le fleuve (0:54)
19. Chant des pĂŞcheurs (Serenata do mar) (3:14)
20. L’aventure continue (1:02)
21. Thème guitare (2:55)
22. La véritable statuette (1:19)
23. Soirée chez de Castro (3:44)
24. O Rio e o mar (1:58)
25. Saut en parachute (1:41)
26. Adrien Ă  la rescousse (1:52)
27. Agnès découvre la vérité (1:31)
28. La fin de l’aventure (1:01)
29. Retour Ă  Paris (0:51)
30. Chez Lola (2:54)
31. Quelle aventure ! (0:28)
32. Batucada générique (3:10)

Durée Totale • 63:49


« Poulet aux petits oignons »

« Poulet aux petits oignons »

Un article de Philippe Lombard consacrĂ© au diptyque « Tendre Poulet » – « On a volĂ© la cuisse de Jupiter »

Le cinéma français des années 70 nous a offert deux belles paires de films. L’expression n’est pas très heureuse, j’en conviens, mais Un éléphant, ça trompe énormément – Nous irons tous au paradis de Yves Robert et Tendre poulet – On a volé la cuisse de Jupiter de Philippe de Broca sont comme de magnifiques boucles d’oreilles placées dans un écrin. Chaque deuxième opus n’est pas une suite laborieuse qui partirait de la dernière image du premier, tels Le Retour du grand blond ou On a retrouvé la 7e compagnie. Non, il est son pendant, son double. Les deux éléments indissociables d’une parure de bijoux, les deux poumons d’un même corps.

Aux films d’hommes, de copains, de Broca prĂ©fère les histoires d’amour mĂŞlĂ©es d’aventures. TournĂ©s en 1977 et 1979, Tendre poulet et On a volĂ© la cuisse de Jupiter ont comme concept (Ă©noncĂ© a posteriori par le cinĂ©aste) : « Des Français moyens qui, au dĂ©part, ne font pas tellement rĂŞver et que l’on a mis dans des situations qui, elles, font rĂŞver. Â» Une vague de meurtres politiques dans Paris, un trafic d’antiquitĂ©s en Grèce… des rĂ©cits menĂ©s tambour battant par un couple improbable formĂ© d’une commissaire de police et d’un professeur de grec ancien Ă  la Sorbonne qui se retrouvent par hasard, vingt-cinq ans après s’être connus Ă©tudiants.

Ă€ la source de tout cela ? Un roman que le producteur Robert Hamon propose Ă  de Broca d’adapter, Le Frelon de Claude Olivier et Jean-Paul Rouland (publiĂ© en 1976). « Il y avait l’astuce d’un commissaire de police qui Ă©tait une femme, ce truc alors très Ă  la mode qui Ă©tait de donner aux femmes les emplois traditionnellement rĂ©servĂ©s aux hommes. Â» Et c’est Ă  peu près tout ce qui sera conservĂ© ! On Ă©carte assez vite la structure d’origine, intransposable Ă  l’écran (l’histoire est racontĂ©e Ă  la première personne par trois des personnages), on transforme l’épouse en divorcĂ©e mais on garde tout de mĂŞme l’idĂ©e des meurtres avec un poinçon. « J’aime partir d’un livre, parce que c’est un bon moteur au dĂ©part, mĂŞme si on le fout en l’air après Â», disait Michel Audiard, co-auteur de l’adaptation avec de Broca.

Dès le dĂ©but, Annie Girardot est choisie pour le rĂ´le. L’idĂ©e vient-elle du livre et de cette rĂ©flexion de Tanquerelle lorsqu’en entrant dans les locaux d’Europe 1 pour parler en direct avec le tueur, on lui demande des autographes ? « Jamais entendu quelque chose d’aussi stupide. Les photographes de presse Ă  prĂ©sent. DĂ©cidĂ©ment, ils me prennent pour Girardot. Â» De Broca n’y tient alors pas particulièrement mais sans doute que le dialoguiste l’a convaincu, lui qui l’a dirigĂ©e notamment dans Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause. Quant Ă  Philippe Noiret, le personnage du professeur Lemercier n’est pas Ă©crit pour lui car il doit tourner Coup de foudre de Robert Enrico avec Catherine Deneuve, une fresque se dĂ©roulant pendant la guerre de 14, qui va connaĂ®tre d’énormes soucis de production. « Mais j’ai quand mĂŞme pensĂ© Ă  lui depuis le dĂ©but, reconnaĂ®t le rĂ©alisateur. Je me suis dĂ©cidĂ© Ă  lui rendre visite juste au moment oĂą il apprenait l’arrĂŞt dĂ©finitif du film d’Enrico. Alors je lui ai proposĂ© le mien. Â»

Les deux acteurs ont dĂ©jĂ  formĂ© un duo populaire dans deux films sortis en 1972, La Mandarine d’Édouard Molinaro et La Vieille Fille de Jean-Pierre Blanc, et sont heureux de se retrouver. Ils vont aussi profiter de rĂ´les admirablement bien Ă©crits. Lise Tanquerelle, la femme-flic dont l’autoritĂ© n’est jamais contestĂ©e par ses hommes et qui revendique une tĂŞte « pleine de vergers, d’enfants Â» ; Antoine Lemercier, l’universitaire vieux garçon, un peu anar, « coincĂ© entre Augustin (son mainate) et Aristote, entre les tisanes et les cantates. Â» Deux rĂŞveurs, en quelque sorte. « Ce qui nous a amusĂ©s, c’est le mariage de la carpe et du lapin, explique de Broca. Normalement, on aurait dĂ» inverser les rĂ´les. Dans le film, au fond, Noiret avait un rĂ´le de femme, plus passif, il se faisait draguer. Â»

Il y a des scènes merveilleuses dans Tendre poulet, comme celle oĂą la chorale, fuyant la pluie en plein concert, se rĂ©fugie dans une brasserie et se met Ă  chanter Agnus Dei devant une Tanquerelle interloquĂ©e. Ou cette parenthèse Ă  Honfleur oĂą la policière explique qu’elle est une romantique et que sa vocation lui est venue en lisant des polars. Â« Je vagabondais des brouillards aux tropiques, cueillant les roses de Gambais, les orchidĂ©es de Miss Blandish, des lupins d’Arsène, et j’ai passĂ© le concours de l’école de police comme on entre au cinĂ©ma. Â»

L’un des charmes du film est aussi sa distribution : Hubert Deschamps en protecteur meurtrier, Guy Marchand en flic macho bas du front, Roger Dumas en lieutenant Ă©pris de sa supĂ©rieure, Catherine Alric en courtisane un peu nunuche, Georges Wilson en politicien Ă  poigne, Francis Lemaire en « coiffeuse Â»â€¦ Ă€ noter la brève apparition de Philippe de Broca Ă  une table de billard et… la participation vocale de Michel Audiard, qui « double Â» le mainate ! On l’entend ainsi dire « Ă‡a ne serait pas Lise, des fois ? Â», « OĂą est-ce qu’on va ? Â» et « Police ! Police ! Police ! Â».

Le succès de Tendre poulet entraĂ®ne une suite deux ans plus tard, On a volĂ© la cuisse de Jupiter (« J’ai Ă©chappĂ© Ă  Occupe-toi des fesses d’Aphrodite ou Ă  je ne sais quelle Grande Cavalcade ! Â» dira de Broca). Lise Tanquerelle et Antoine Lemercier se marient et partent en voyage de noces en Grèce. Ils y rencontrent l’archĂ©ologue Charles-Hubert Pochet qui a dĂ©couvert un morceau de statue d’Aphrodite (son postĂ©rieur !). Des trafiquants d’œuvres d’art s’en mĂŞlent, les Lemercier et les Pochet sont pris pour des meurtriers, on vole des voitures, on arrĂŞte des trains, on s’accroche Ă  un hĂ©licoptère… « Nous menons une vie exaltante ! Â» s’enthousiasme le prof de la Sorbonne, soudainement prĂŞt Ă  tout. De Broca revient Ă  ses premières amours. Il y a de L’Homme de Rio dans ce scĂ©nario haletant oĂą les respirations ne manquent pas. Comme le dit Girardot, « de Broca sait admirablement saupoudrer les aventures les plus trĂ©pidantes de moments tendres et poĂ©tiques ».

Francis Perrin Ă  qui de Broca et Audiard avaient d’abord promis le rĂ´le de l’adjoint du commissaire Tanquerelle dans le premier film joue l’archĂ©ologue et Catherine Alric (alors la compagne de de Broca), son Ă©pouse. Comment justifier auprès du public qu’une mĂŞme actrice joue deux rĂ´les diffĂ©rents dans ce diptyque ? Par un tour de passe-passe au dĂ©tour d’une rĂ©plique : « Tu te souviens de l’enquĂŞte que j’ai menĂ©e Ă  Saint-Cloud il y a deux ans ? Il y avait une fille comme elle, elle lui ressemblait, mĂŞme genre, mĂŞme style, copie conforme ! DĂ©cidĂ©ment, les hommes adorent ça ! Â»

Girardot et Noiret souhaitent prolonger l’aventure et le font savoir Ă  de Broca. « Rendez-vous est pris chez lui Â», raconte l’actrice dans ses mĂ©moires publiĂ©s en 2003. « En nous voyant arriver, le rĂ©alisateur a cette rĂ©flexion un peu amère : « C’est vraiment un dĂ®ner d’anciens combattants… » AĂŻe ! Philippe fait une drĂ´le de figure, je le sens blessĂ© par cette remarque inattendue. Visiblement si de Broca nous considère comme des dinosaures, c’est qu’il n’a pas les mĂŞmes envies que nous. Autant laisser tomber. Je suis très déçue mais le projet en restera lĂ  et nous n’en parlerons plus. Depuis, je me traĂ®ne ce regret comme un rĂŞve irrĂ©alisable. Va te faire voir, de Broca ! Comment n’as-tu pas compris que le public, lui, aimait notre couple, parce qu’il aime les natures spontanĂ©es. Il a de la tendresse pour nous, de la fidĂ©litĂ©. Il aurait Ă©tĂ© heureux de nous revoir… Dommage. Â»

Dommage, en effet. Où nous auraient emmenés Tanquerelle et Lemercier, cette fois ?

Article publié dans la revue Les Pieds dans la mayonnaise (n°1, novembre 2021)

Sources : Philippe de Broca (Collectif, Henri Veyrier, 1990), Audiard par Audiard (René Chateau, 1995), Mon Panthéon est décousu de Francis Perrin (Éditions
du Rocher, 2003), Partir, revenir de Annie Girardot (Le Cherche-Midi, 2003).


Nouveau doc sur de Broca : itw du réalisateur

Interview de JĂ©rĂ´me Wybon Ă  propos du doc « Philippe de Broca
ou l’art de la mĂ©lancolie Â»

Jérôme Wybon a réalisé le documentaire Philippe de Broca ou l’art de la mélancolie, actuellement diffusé sur Ciné+ (le 24 décembre à 12h05 et en replay), et nous parle de sa conception.

Comment est nĂ© ce documentaire ? En avez-vous Ă©tĂ© Ă  l’origine ?
Ce projet est arrivĂ© comme une conclusion Ă  un long travail effectuĂ© sur l’œuvre de Philippe de Broca, commencĂ© dans les annĂ©es 2000, lorsque j’ai fait diffĂ©rents bonus dvd / Blu-Ray sur onze de ses films, de Cartouche au Bossu, en passant par L’Homme de Rio, Le Cavaleur ou Le Roi de cĹ“ur. Avec ce documentaire, j’ai l’impression de boucler la boucle.

Vous avez rencontrĂ© Philippe de Broca. Ă€ quelle occasion ? Et quelles impressions en gardez-vous ?
Je l’ai croisĂ© durant l’Ă©tĂ© qui a suivi la sortie d’Amazone. Je travaillais pour Studiocanal sur les sorties du Magnifique et de l’Incorrigible dans la toute nouvelle collection dvd consacrĂ©e Ă  Jean-Paul Belmondo. Seul Peur sur la ville Ă©tait sorti alors. Je me souviens très bien d’avoir appelĂ© Philippe de Broca pour lui proposer d’enregistrer un commentaire audio sur ces deux films. Je lui avais expliquĂ© le principe alors totalement inĂ©dit en France, et Bertrand Tavernier enregistrait au mĂŞme moment le premier commentaire audio d’un rĂ©alisateur français, pour La Fille de D’Artagnan. Philippe de Broca ne voulait pas parler seul, donc je l’ai accompagnĂ© dans cet exercice.

Que vouliez-vous raconter ? Quel Ă©tait votre angle ?
Si j’ai pu documenter le tournage de plusieurs de ses films par le passĂ©, je voulais ici m’intĂ©resser davantage Ă  son univers, Ă  sa vie, ses relations et son regard sur les femmes, son enfance. Et, bien sĂ»r, ses amitiĂ©s avec Jean-Paul Rappeneau, Alexandre Mnouchkine, Henri LanoĂ«, Philippe Noiret et Jean-Paul Belmondo.

Avez-vous fait des dĂ©couvertes, avez-vous trouvĂ© des documents inĂ©dits ?
Il y a plusieurs archives que je connaissais mais que je n’avais pas utilisĂ© jusqu’ici comme les essais filmĂ©s de Marthe Keller pour Le Diable par la queue, ou cette sĂ©quence très touchante oĂą Georges Delerue joue le magnifique thème de Chère Louise au piano, en prĂ©sence de Philippe de Broca.

Qui avez-vous interviewĂ© pour ce documentaire ?
Il y a d’abord la sĹ“ur de Philippe, Françoise, qui nous a quittĂ©s il y a quelques mois, Catherine Alric, Alexandra de Broca, le chef-opĂ©rateur Pierre Lhomme, le rĂ©alisateur Jean-Paul Rappeneau, le cameraman Yves Agostini, le monteur Henri LanoĂ«, la journaliste Guillemette Odicino, Bernard Payen de la CinĂ©mathèque française. Et bien sĂ»r, il y a Philippe de Broca via des images d’archives. L’idĂ©e Ă©tait de faire dialoguer Philippe de Broca et tous ses intervenants sur une sĂ©rie de thèmes ou d’extraits de ses films.

Qu’aimez-vous dans l’œuvre de de Broca ?
J’aime le passage de la comĂ©die au drame, sa mĂ©lancolie qu’on retrouve par exemple dans la seconde partie du Cavaleur. Et j’aime sa drĂ´lerie comme avec le duo improbable de Tendre Poulet, ou les aventures de cet auteur un peu ratĂ© qu’est François Merlin et qui tombe amoureux de sa voisine de palier. J’aime ces personnages du quotidien qui vivent ensuite de folles aventures.

Quels seraient vos films prĂ©fĂ©rĂ©s ?
Le Cavaleur en premier, sorte d’autoportrait du rĂ©alisateur, Le Magnifique, qui est la quintessence de l’amitiĂ© entre Philippe de Broca et Jean-Paul Belmondo. Et en dernier, Le Bossu, oĂą il retrouve le style et le souffle des films de ses dĂ©buts.


Soirée spéciale de Broca sur Ciné+Classic

Soirée spéciale de Broca
sur Ciné+Classic

SoirĂ©e exceptionnelle consacrĂ©e Ă  de Broca sur CinĂ©+Classic le vendredi 16 dĂ©cembre avec la diffusion Ă  20h du documentaire de JĂ©rĂ´me Wybon, « Philippe de Broca ou l’art de la mĂ©lancolie », suivie de deux films mal compris et mal aimĂ©s Ă  leur sortie, Chère Louise avec Jeanne Moreau Ă  20h50 et Le Roi de cĹ“ur avec Alan Bates Ă  22h25.


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