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Hommage à Claudia Cardinale

Hommage à Claudia Cardinale

Claudia Cardinale vient de nous quitter. Cette actrice franco-italienne née en Tunisie a débuté à Cinecittà avec Visconti, Zurlini, Fellini et Bolognini avant de conquérir le reste de l’Europe puis Hollywood.

En 1962, elle tourne Cartouche de Philippe de Broca. « Un film grâce auquel j’ai obtenu ma consécration en France », dira-t-elle. Elle y interprète une Bohémienne qui devient la compagne du bandit Cartouche, un personnage plein de vie, de fougue et de spontanéité.

« Je m’appelle Vénus, j’ai dix-neuf ans, ni père, ni mère, mais des amants. On dit que je sais pas causer mais je danse, je vole, je vis ! »

Le tournage de Cartouche à Béziers et Pézenas « a été une véritable folie, scènes d’amour comprises ». Claudia Cardinale a même suivi Jean-Paul Belmondo dans ses cascades. « Je devais traverser des rapides avec lui. Comme il avait décidé de tout faire lui-même sans doublure, je décidai, bien entendu, de tout faire, moi aussi. »

[à ne pas lire avant de découvrir le film] Avec 3 610 402 entrées, Cartouche a été un des plus grands succès de l’actrice en France, juste après Le Guépard. Mais d’après le producteur Alexandre Mnouchkine, le score aurait pu être plus élevé si Vénus ne mourrait pas à la fin.

« Ça a beaucoup déçu les jeunes, alors que cette fin est très belle. Nous avons reçu des lettres. « Mais comment osez-vous détruire ce merveilleux couple ? » Nous nous faisions engueuler à la radio, partout. « Ce merveilleux film qui se termine comme ça ! » C’était en 1962, les gens ne réagissaient pas de la même manière qu’aujourd’hui. Il leur fallait un happy end avec le baiser final du vainqueur. »

Une fin qui donne un caractère intemporel à Cartouche.


Reportage sur le tournage du « Diable par la queue »

Reportage sur le tournage

du « Diable par la queue »

En juin 1968, une journaliste de L’Express se rend sur le tournage du Diable par la queue, au château de Fléchères, « un château Henri IV, très authentique et ocre, un peu croulant, au cœur du pays beaujolais ».

Interrogé sur les raisons qui l’ont poussé à accepter ce film, Yves Montand répond spontanément : « J’avais besoin d’une grande bouffée d’air frais ». Le propriétaire des lieux semble ravi de toute cette animation. « Croyez-moi, ces gens de cinéma sont exquis », dit-il. « C’est vrai. La productrice, Michèle de Broca, œil d’acier et voix de velours, veille sans répit au bien-être de son équipe et accessoirement à celui de son mari, Philippe, le metteur en scène. Il a 35 ans. C’est un feu follet grave. Il fut l’assistant de Claude Chabrol, l’auteur de comédies douces-amères (Les Jeux de l’amour, L’Amant de cinq jours) et de fresques ironiques (L’Homme de Rio, Les Tribulations d’un Chinois en Chine). « Ce sont mes films musculo-respiratoires », dit-il.

Il dirige avec sa femme les productions Fildebroc. Mais aujourd’hui, il a décidé qu’il cesserait bientôt d’être producteur : « Je trouve immoral, dans la conjoncture actuelle, de me retrouver dans la situation de patron. J’ai envie de redevenir un violoniste. Avec « Le Diable par la queue », je voudrais réussir un film rose et mauve. un Marivaux moderne. C’est très difficile. De plus en plus difficile. Entre le style et les tics, la frontière est si fragile… » Et il passe une main lasse dans ses cheveux teints en blond nordique. Il fera quinze secondes de figuration dans son film, il ne se consolera jamais de ne pas être, aussi, un grand acteur… Il soupire, et ajoute: « Enfin, je crois que j’ai réuni une bonne distribution. »

Singulière, en tout cas. Il y a Marthe Keller, 23 ans. Baloise. Démaquillée, elle ne ressemble à rien. Maquillée, transfigurée, elle ne ressemble à personne. Il y a Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle : « Nous sommes de bonnes copines. Quand on sera vieux, on nous prendra pour des frères… » Il y a Maria Schell, dans l’épanouissement doré de sa maturité autrichienne, qui est là avec son mari peintre. Celui-ci semble apprécier à sa juste valeur les petits vins locaux, et lorsque gaiement il butine des cerises aux oreilles des starlettes, Maria Shell s’écrie en riant : « Zuffit! Papy ! »

Il y a aussi Madeleine Renaud. Elle n’avait pas tourné depuis « Le Dialogue des carmélites ». Elle est très touchante, et les messieurs viennent lui baiser. la main. Lorsqu’elle parle de l’affaire de l’Odéon, elle dit : « Mon affreux petit drame. » Elle porte avec beaucoup de dignité le veuvage (provisoire ?) de son théâtre. Elle affirme : « Je ne me sens pas dépaysée. Le cinéma, c’est comme la bicyclette, ça ne s’oublie jamais. »

Tout cela est fraternel, industrieux et si reposant. Sans milliards et sans fanfares. M. et Mme Philippe de Broca, P.D.G. des productions Fildebroc, sont en train de faire un film au soleil. Un grand film ? Trop tôt pour le savoir. Un joli film, en tout cas, avec juste ce qu’il faut d’inquiétude et d’amitié. »

Article de Daniele Heymann, « Yves Montand au boulot », paru dans le numéro de L’Express du 8 juillet 1968.


« Le Roi de cœur », film culte sur les campus américains

« Le Roi de cœur »,

film culte sur les campus américains

En 1975, le Michigan Daily se penche sur le phénomène autour du « Roi de cœur » qui passionne les étudiants de l’université du Michigan à Ann Arbor.

« Bien que les Marx Brothers aient toujours eu beaucoup de succès à Ann Arbor et que L’Odyssée de l’African Queen et Casablanca semblent toujours figurer dans un programme cinématographique ou un autre, il n’y a qu’un seul film qui se démarque comme étant le plus populaire sur le campus, le seul qui puisse véritablement être qualifié de film culte ici. Ce film, c’est Le Roi de cœur. L’été dernier, un groupe cinématographique d’Ann Arbor a projeté Le Roi tous les mercredis pendant 12 semaines devant un public enthousiaste, faisant salle comble à plusieurs reprises et obtenant presque autant de succès à la fin de la série de projections qu’au début.

Réalisé par Philippe de Broca, figure de la Nouvelle Vague française, le film est sorti à Paris en 1966, mais a été un tel échec au box-office que le réalisateur a fermé la billetterie pour laisser entrer tout le monde gratuitement, sans pour autant attirer les spectateurs. En effet, malgré l’éminence actuelle du réalisateur dans le monde du cinéma, Le Roi de cœur reste inconnu dans son propre pays à ce jour. Aux États-Unis, cependant, en incarnant l’une des histoires les plus incroyables de réussite sociale dans le monde du cinéma, le film a rapporté sept fois plus d’argent lors de ses rééditions qu’il ne l’avait fait lors de toutes ses premières projections.

De Broca travaillait dans le cinéma depuis des années, en tant qu’assistant de François Truffaut dans Les Quatre Cents Coups et de Claude Chabrol dans trois autres films. Finalement, de Broca en a eu assez de travailler pour les autres et, selon ses propres mots, il a dit à Chabrol : « J’en ai marre d’aller chercher tes cigarettes. Je veux faire mon propre film. » Chabrol a accepté et est devenu le producteur de ses deux premiers films. La première américaine du Roi de cœur en 1967 ne fut guère différente de ce qui s’était passé en France, de nombreux critiques ayant descendu le film, y compris le magazine Time qui déclara à son sujet : « Rien dans cette comédie ne tient la route. »

Bien qu’il ait fait un flop dans la plupart du pays, il a très bien marché dans certaines villes, notamment à Ann Arbor où il a attiré un public nombreux au Campus Theater.

Sur le plan financier, cependant, ce fut un échec. Puis quelque chose d’étrange s’est produit. Le 11 février 1971, Le Roi de cœur a été ajouté en deuxième partie d’un programme double dans un petit cinéma d’art et d’essai près de l’université de Harvard. Quatre ans et demi plus tard, il est toujours à l’affiche, ce qui en fait le film le plus longtemps à l’affiche de l’histoire. Dans le film, Alan Bates incarne un soldat écossais envoyé dans une petite ville française, abandonnée par les troupes allemandes en retraite, pour désamorcer une énorme bombe qu’elles ont laissée derrière elles. Tous les habitants partent précipitamment, mais dans leur hâte, ils ont laissé derrière eux les pensionnaires d’un asile psychiatrique. En cherchant la bombe, Bates tombe par hasard dans le monde des pensionnaires et se retrouve roi de cœur, bientôt marié à la reine (Geneviève Bujold dans l’un de ses premiers rôles à l’écran). Le message est léger mais réfléchi, opposant le monde innocent et enfantin des fous à celui, autodestructeur, des gens civilisés et sains d’esprit. Bates se retrouve pris entre deux feux et doit faire un choix.

Un échantillon des personnes qui reviennent voir le film donne un aperçu de sa popularité. Une spectatrice, qui s’apprêtait à voir le film pour la quatrième fois, a déclaré : « J’adore ce film… il me donne l’impression qu’il y a de l’espoir dans le monde. » Une autre, qui le voyait pour la deuxième fois, l’a décrit comme « un film agréable et doux qui me rend très heureuse ». C’est la philosophie du film qui attire le public, comme l’ont fait d’autres films cultes ces dernières années, notamment Harold et Maude et les films Billy Jack. C’est le sentiment de célébration de la vie que Le Roi de cœur exprime qui rappelle la séquence suivante de Harold et Maude. Maude, âgée de 80 ans, dit au jeune Harold : « Tente ta chance. Prends des risques. Même si tu te blesses. Vas-y, fonce. Vis. Sinon, tu n’auras rien à raconter dans les vestiaires. » « Je ne veux pas mourir », dit le roi de cœur à la reine. « Personne ne connaît sa propre mort », répond-elle. « Il ne me reste que trois minutes à vivre », poursuit-il. « Trois minutes ! », répond-elle, les yeux brillants, « trois minutes, c’est génial ! »

Des sondages réalisés au Movie House de Seattle indiquent que la moitié du public a déjà vu le film et que la moitié d’entre eux l’ont vu au moins deux fois. À Cambridge, un fan l’a vu 86 fois. À Ann Arbor, cependant, un échantillon du public a révélé que seulement 10 % l’avaient déjà vu, ce qui prouve à la fois le roulement rapide des étudiants ici et le fait que de nombreux étudiants n’ont jamais pu voir le film auparavant en raison de sa distribution limitée. Souvent projeté sur le campus du Michigan, Le Roi de cœur vaut vraiment la peine d’y consacrer deux petites heures. »

« Cults flock to ’King of Hearts’ » de Jim Frisinger, The Michigan Daily, 9 octobre 1975.

L’article original est à lire ici.


Quand Philippe de Broca faisait de la publicité avec Catherine Alric

Quand de Broca faisait de la publicité avec Catherine Alric…

En 1974, Philippe de Broca réalise une publicité pour la marque Flodor. Ce tournage pourrait n’être qu’anecdotique dans la carrière du réalisateur s’il n’avait pas rencontré alors Catherine Alric, qui deviendra sa compagne et qu’il dirigera dans L’Incorrigible, Le Cavaleur, Tendre Poulet et On a volé la cuisse de Jupiter.

Pour l’émission Cinescope de la RTBF, Catherine Alric racontait en 1984 cette rencontre et ce premier tournage.

« J’étais étudiante avec tout ce que cela comporte de rêves… J’avais envie de faire plein de choses, du théâtre du cinéma… Et en même temps, c’était le miroir aux alouettes pour moi. J’avais l’impression que jamais je n’y arriverai. Et parallèlement à ça j’étais mannequin, et ça a très vite très bien marché. J’ai fait une vingtaine de films publicitaires, j’ai donc beaucoup voyagé. Je suis allée au Mexique, en Afrique, en Espagne. Et j’ai fait ces films avec de grands metteurs en scène dont de Broca.

Ça a été une coïncidence, un coup de hasard, il m’a choisi parmi cent mannequins. Je suis parti avec lui pour faire ce film sur les chips Flodor. C’était très drôle car on a tourné ça à Acapulco, pendant quinze jours. Le matin, on tournait dans une superbe demeure magnifique de milliardaire, avec une piscine immense qui dominait complètement la baie d’Acapulco… le paradis. Tous les clients étaient là, l’agence publicitaire… Et le film s’est tourné en une demi-journée. Ils étaient fous de rage. Parce que Philippe est quelqu’un de très rapide, de très déterminé. Il sait exactement ce qu’il fait. Ça n’a vraiment pris qu’une demi-journée. Après, on ne savait plus trop quoi faire. On a voyagé, on a visité le Mexique. On a vraiment fait du tourisme. »

La publicité en question est visible sur ce lien.


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