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Les 50 ans du « Magnifique »

Les 50 ans du « Magnifique »

Le Magnifique fête cette année ses cinquante ans ! Pour l’occasion, les exploits de Bob Saint-Clar ont été restaurés en 4K par Carlotta. Cette version sera projetée au festival « De l’écrit à l’écran » de Montélimar le 28 septembre à 17h en présence de Paul Belmondo, et bénéficiera d’une sortie nationale en salles à partir du 18 octobre. Et, bien entendu, une édition 4K Ultra HD + Blu-Ray sortira chez Studiocanal (le 31 octobre).


Bruno Troublé raconte la passion de la mer de De Broca

Bruno Troublé raconte la passion

de la mer de De Broca

Le skippeur français Bruno Troublé, qui a (entre autres) participé aux JO de Mexico en 1968 et de Montréal en 1976, vient de publier un livre de souvenirs aux éditions Albatros, Pas une minute à perdre !. Il y évoque notamment son amitié avec Philippe de Broca, les quinze dernières années de la vie de ce dernier.

« Un ami inoubliable ! Nous ne l’avons pas connu par le cinéma, mais par la mer. Un peu comme mon père bien-aimé, Broca était un marin tardif : il a acheté son bateau, un Taillefer en acier, à 50 ans ! (…) Le Moana, hivernait au chantier Le Borgne à côté de notre maison de vacances au Parun, située sur la berge de la rivière d’Auray à Baden, et nous sommes ainsi rapidement devenus proches. » Le cinéaste aimait particulièrement le golfe du Morbihan et l’île de Boëdic où il avait tant joué enfant. Il y a d’ailleurs tourné des scènes du Cavaleur et des Clés du paradis.

« Il aimait à dire : « Le golfe du Morbihan est accueillant mais l’idée d’aller affronter Belle-Île correspondait dans mon imaginaire à aller affronter le cap Horn… Et je préfère répondre aux Parisiens : « Comment ? Vous ne connaissez pas le golfe et la pointe des poulains ? », que leur dire « Oui, c’est moi le metteur en scène de L’Homme de Rio »… »

Malgré tout, reconnaît Troublé, si le cinéaste « adorait naviguer, il était assez incompétent, inconscient et maladroit. » Mais « sa joie de vivre, sa légèreté » ont comblé Troublé et sa femme. « On a tellement rigolé ! Philippe perdait sans arrêt son téléphone portable, qu’il mettait dans la pochette de sa chemise. Lorsqu’il se penchait en avant, le téléphone tombait… Il est ainsi tombé dans 30 centimètres d’eau alors qu’il tirait son annexe sur la plage. Il n’a fait ni une ni deux : « Je vais le mettre dans le four dix minutes, il va remarcher ! » On a sorti, une heure après, des lambeaux de plastique noir. »

Pas une minute à perdre !

(Editions Albatros, 256 pages, 27 euros)


La nostalgie de Thomas Morales

La nostalgie de Thomas Morales

Avec Monsieur Nostalgie, qui vient de paraître aux éditions Héliopoles, l’écrivain Thomas Morales propose un livre qui « se veut gourmand, parfois engagé, souvent amusé (qui) dessine une France qui nous manque cruellement ». Il consacre quelques pages à Philippe de Broca que voici :

« Qui n’a pas vu Le Magnifique, L’Homme de Rio, Cartouche, Le Cavaleur ou Le Diable par la queue ne connaît rien des soubresauts de l’âme, la polka des sentiments et les fanfaronnades de l’homme français. Nous plaignions sincèrement cet être incomplet. Car Philippe de Broca fut ce phare dans un océan de sérieux, ce pincement au cœur quand la comédie se voulait grossière, cette tornade qui emportait le spectateur tout en instillant chez lui, un sentiment d’abandon. Ses films sans cesse revus ou redécouverts agissent comme des bornes existentielles, ils réenchantent notre quotidien, nous emportent et nous subjuguent. Broca est à la fois notre refuge et notre exil intérieur.

Plus le temps avance, plus son génie nous manque cruellement. Nous avons appris à nous méfier des cinéastes d’avant-garde, ces chéris de la critique, encensé par les pouvoirs publics qui trustent les positions dominantes dans les médias mais dont l’empreinte émotionnelle est complètement nulle. Ils ont beau faire l’objet de conférences, de débats qui ennuient, de toute cette gesticulation intellectuelle, ils n’arrivent pas à toucher. Alors que les films de Broca brillent dans la nuit par leur parfum d’éternité, leur douceur désenchantée, leur dialogue confectionné dans ce friable organdi, cette mécanique joyeuse et pétaradante qui nous libère de nos chaînes. Broca est un libérateur, il ouvre les fenêtres de cette grande maison de famille, assoupie dans la campagne, à la façade défraîchie et fait valser les amours impossibles. L’instabilité des hommes vient de se fracasser sur le rivage des femmes.

Aujourd’hui, les langues se délient, les vraies valeurs finissent par s’imposer, le talent exploser, les contemporains peuvent juger sur pièces. Certains jeunes réalisateurs osent même avouer que ce cinéma-là, celui du dimanche soir, populaire et étincelant, à l’humour délicat et à l’action échevelée, les a profondément nourris. Ils en reconnaissent en Broca, un maître doublé d’un professionnel hors pair, c’est-à-dire un cinéaste star du box-office qui donne du confort de visionnage et de l’épaisseur à ses personnages, qui ne néglige jamais la qualité au détriment du plaisir gamin de s’amuser. Rares sont ceux qui réussissent aussi bien à doser l’aventure et le frisson, la fantaisie et l’introspection, sans tirer à la ligne, sans jouer les trémolos, Broca fut ce funambule délicat qui avançait sur cette mince corde sans jamais chuter dans la facilité. Nous verrons fleurir bientôt des dizaines d’héritiers à Philippe de Broca, son aura commence à se propager. On sait combien le réalisateur est admiré aux États-Unis, sa filmographie auscultée dans les meilleures écoles depuis Le Roi de cœur, sorti en 1966. Broca, l’oublié de la Nouvelle Vague et des revues spécialisées hexagonales, jalousé aussi pour ses millions d’entrées en salles et ses collaborations prestigieuses avec, entre autres, Belmondo, Cassel, Noiret, Girardot ou Montand a été, très tôt, reconnu et adoubé, outre-Atlantique, comme un authentique créateur.

Je considère Broca comme le meilleur cartographe intime de la province française. Lui seul savait saisir ces moments instables où une ville endormie, au pavé glissant, embaume l’odeur de chèvrefeuille et au loin, un homme déambule cherchant une explication à sa vie. Il y a des scènes signées de Broca qui nous accompagneront jusqu’à notre mort, Jean Rochefort et Nicole Garcia, place des Victoires dans Le Cavaleur ou Philippe Noiret et Annie Girardot, square Viviani dans Tendre Poulet. »


« Tendre Poulet » par Mad Will sur Youtube

« Tendre Poulet »

par Mad Will sur Youtube

La chaîne Youtube Mad Will consacre une vidéo à Tendre Poulet.

« C’est un film fascinant où de Broca aime mélanger les genres. On ne sait pas toujours sur quel pied danser, même si dans le cas de Philippe de Broca, on pourrait presque parler d’entrechats tant il parvient avec une grande maestria à passer d’un genre à l’autre. En plus de nous offrir une intrigue policière avec d’excellentes scènes de suspense, il signe simultanément une comédie romantique absolument délicieuse. C’est là que l’on peut apprécier tout le travail d’orfèvre du cinéaste, qui utilise les séquences policières pour rythmer son histoire d’amour entre le professeur de grec et la femme-flic. »


Présentation de « L’Homme de Rio » par Benoit Peeters

Présentation de « L’Homme de Rio » par Benoit Peeters

Dans le cadre d’une carte blanche, Benoît Peeters, scénariste de bandes dessinées, romancier, éditeur et professeur au Collège de France, a présenté le 20 avril 2023 à la Cinémathèque française L’Homme de Rio de Philippe de Broca.


Thomas Croisière : « Chez de Broca, il y a une vraie ambition »

Thomas Croisière : « Chez de Broca, il y a une vraie ambition »

Chroniqueur sur France Inter dans l’émission C’est encore nous où il parle régulièrement des films qui ont marqué sa vie, Thomas Croisière parle aussi de cinéma sur scène dans le spectacle Voyage en comédie. Ce « passeur » revient pour le site sur son rapport à l’œuvre de Philippe de Broca.

Vous évoquez souvent sur France Inter et dans votre spectacle les films qui ont marqué votre vie. Est-ce par nostalgie ?

Non, je ne suis pas du tout dans le « c’était mieux avant ». Le cinéma est vraiment pour moi une passion. Je regarde des films depuis toujours, beaucoup, avec plaisir et de toutes sortes. Et j’adore en montrer certains, les partager, comme L’Affaire Thomas Crown ou Certains l’aiment chaud. Il y a vraiment des films qui méritent d’être vus et revus. Je pense que la culture nous réunit. Et depuis que je suis papa, il y a l’idée de la transmission. Je transmets énormément de ce que je suis en montrant des films à mes enfants, depuis qu’ils sont tout petits. Chaque dimanche soir, on se fait deux cartoons de Tex Avery, comme au bon vieux temps de La Dernière Séance, et on mange devant un film. Ça va de Dumb et Dumber au Napoléon d’Abel Gance. Pendant le confinement, je les ai fait participer à ma chronique sur France Inter et ils ont vu notamment Les Tribulations d’un Chinois en Chine, qu’ils ont adoré.

Que vous inspire l’évocation du nom de Philippe de Broca ?

Cela m’évoque un très grand réalisateur qui a su faire de la grande comédie d’aventures populaire. Pour moi, Philippe de Broca c’est avant tout ça, car gamin, j’ai découvert Les Tribulations d’un Chinois en Chine et L’Homme de Rio avec un grand plaisir. Après, quand on vieillit, on découvre des films comme Le Cavaleur, qu’on ne comprend pas à quinze ans mais qu’on peut apprécier à quarante ans, quand on a un peu vécu. D’ailleurs, c’est un film qui est aussi un marqueur dans la vie de de Broca, à travers lequel il parle de lui et de son propre vieillissement, ce qui, dans ces métiers-là d’artiste et d’auteur, est quelque chose de compliqué à assumer.

Donc, de la comédie d’aventures populaire, mais pas que. Et de ce que j’en connais, et de ce que j’en vois de loin, il avait une certaine classe, une belle façon de parler du cinéma… Physiquement, il y a quelque chose de Cassel quand il est jeune, quelque chose de Rochefort quand il fait Le Cavaleur. Il avait des avatars dans ses films. C’est amusant de voir un homme attaché à ses acteurs et vieillir avec eux. Je pense qu’il y a là quelque chose de profondément humain. On trouve chez lui à la fois une pudeur et quelque chose de très impudique. Fondamentalement, j’ai l’impression que dans ses films, il parle de lui, beaucoup. C’est très nombriliste, en fait. Là où d’autres réalisateurs ne le faisaient pas forcément. Tavernier n’avait pas le même rapport au cinéma, par exemple, il racontait des histoires, il ne parlait pas de lui. Un de Broca ou un Sautet utilisent le média pour partager ce qu’ils sont, ce qu’ils font, leurs névroses, leurs centres d’intérêt, leurs plaisirs comme leurs déplaisirs. Quand vous tournez beaucoup, comme de Broca mais aussi comme Truffaut ou comme Ozon aujourd’hui, vous ne faites pas que des films réussis. Mais dans chacun, il y a quelque chose d’eux.

Il fait partie des grands réalisateurs du cinéma français. J’aime bien parler de ces gens-là, j’aime bien montrer leurs films à mes enfants. Je ne sais pas si je leur montrerai Le Roi de cœur, je ne sais pas s’ils le comprendront mais je pense qu’un jour je le ferai. C’est un film très étonnant que j’aime énormément. Ce qui est plaisant chez de Broca, c’est que c’est un vrai réalisateur. Et aujourd’hui, le fait qu’on ne tourne plus en pellicule, beaucoup en numérique, pousse de plus en plus les réalisateurs à multiplier les angles et à se dire « ça, on verra en post-prod ». Ils n’ont pas réellement de point de vue. Et ce que je trouve intéressant chez des gens comme de Broca, c’est qu’il y a une vraie ambition de réalisation, de contenu, de construction graphique…

De Broca a été traumatisé par ce qu’il a pu voir pendant la guerre d’Algérie, ce qui l’a décidé à se tourner vers la légèreté, la comédie…

Oui, on sent qu’il y a une envie de divertissement, tout est très rapide dans son cinéma. Il y a toujours une petite mélancolie, c’est pas des comédies de Philippe Lacheau ou Philippe Clair. Il y a un côté très humain, racé. C’est un peu l’élégance du désespoir, d’une certaine mesure.

Une tendresse pour Le Magnifique ?

Le Magnifique est un film culte pour à peu près tout le monde. « Vous plaisez aux femmes ? Je ne sais pas » (rires) Entre le film de requins, le film de mariachis, le film-dans-le-film, la mise en abyme, l’opposition auteur-création et puis Jacqueline Bisset qui est la plus belle femme du cinéma à ce moment-là… C’est marrant de se dire que le film a 50 ans, qu’il appartient à la même époque que L’aventure c’est l’aventure. Je ne dirais pas qu’il n’a pas pris une ride, mais il est toujours aussi fou. Sans Le Magnifique, il n’y a pas OSS 117. J’ai acheté le 33 tours de la musique du film à la vente aux enchères de vinyles de Radio France. À la disparition de Claude Bolling, j’avais fait un petit papier sur lui à l’antenne.

Vous parlez d’ailleurs souvent de la musique des films que vous chroniquez. De Broca a beaucoup travaillé avec Georges Delerue…

Oui, il avait une grande fidélité, comme Claude Lelouch avec Francis Lai. Delerue était le grand compositeur de la Nouvelle Vague. Et de Broca n’en était pas loin, d’ailleurs, il les connaissait tous, il a été le premier assistant de Claude Chabrol et François Truffaut. Quand on voit qu’il a travaillé par la suite avec Michel Audiard qui a été honni par tout ce mouvement, il y a là quelqu’un de curieux qui mélange plein de choses.

Avez-vous vu un film de de Broca au cinéma ?

J’ai vu Chouans !. C’était bien parce que ça racontait l’Histoire, des périodes que je ne connaissais pas… J’ai aussi un chouette souvenir des 1001 Nuits, que j’ai vu à la télé en deux soirées, il me semble. J’ai des images de Jugnot et Lhermitte en plein désert…

Merci à l’équipe du site d’entretenir l’œuvre de de Broca qui mérite d’être (re)découverte.

Propos recueillis par Philippe Lombard

Photo : Nicolas Seurot

La chronique de Thomas Croisière sur L’Homme de Rio sur France Inter


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